Une vie dans des pages

lundi 11 mai 2015

"Les variations fantômes" Régis Descott (JC Lattès)



Quoi de mieux pour appréhender ce livre que de passer un week-end dans une vieille demeure au parquet qui grince, aux portes qui claquent au moindre courant d'air, une demeure perdue en pleine campagne ? Inutile de dire que, pour partir à la conquête des fantômes, j'étais dans le contexte idéal !
 
Le docteur Morel et ses six "apprentis médium" sont conviés au château de l'Etoile pour découvrir d'où viennent les phénomènes pour le moins étranges et surnaturels, qui troublent quelque peu le quotidien des nouveaux propriétaires des lieux. Une aventure surprenante. Addictive. Dangereuse.
 
Un livre à l'atmosphère pesante...
 
C'est un véritable séjour dans un château hanté que nous offre ici Régis Descott. Un séjour qui n'est pas sans m'avoir rappelé mes premières frayeurs d'enfant dans ces attractions de fêtes foraines. Mes premières tentatives aussi de repousser les limites de la peur dans les soirées entre amis, ces soirées que l'on fait à quinze ans pour essayer de faire tourner une table, appeler un esprit, avec toujours le petit malin qui arrive à faire un bruit ou un geste qui passe inaperçu dans le noir et qui fait ressembler votre rythme cardiaque à une bruit de cheval au galop...
 
Alors quand un lustre bouge tout seul, qu'un piano se met à jouer du Schubert, que des boules de billard s'activent sur leur table sans raison, il y a de quoi flipper un peu non ? Même la "lectrice blindée" que je suis, celle qui ne lit que des thrillers et qui aime se faire peur, a tremblé ! Je me disais, en ouvrant ce livre, qu'un petit fantôme de rien du tout n'allait pas m'effrayer... Eh bien si ! Je suis revenue au stade de l'adolescente qui lit son premier Stephen King dans une semi pénombre pour trembler un peu plus. Le choix du lieux pour ouvrir ce livre n'a d'ailleurs pas été anodin... Un lieu idéal pour entrer dans un récit à l'atmosphère lourde, pesante, angoissante.
 
"Atmosphère, atmosphère... Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ?". Oui, ce livre a véritablement une "gueule d'atmosphère" et je vous garantis que cela n'a rien de reposant ! Parce que cette atmosphère, elle vous poursuit au fil des pages certes, mais elle ne vous quitte pas une fois le livre refermé ! Il est en vous, vous êtes en lui, une véritable osmose se crée et la dépendance n'a rien de fortuit. Ce n'est pas le hasard qui la crée, mais bel et bien la plume de Régis Descott !

Un livre parfaitement inclassable...

Le récit débute comme un roman (une mise en place un peu longue donc, sans pour autant que cela soit dérangeant , et qui trouve tout son sens par la suite), il se poursuit rapidement comme un roman fantastique, pour prendre une allure de roman à suspense et finir à la façon d'un thriller machiavélique où la tension est à son paroxysme (le dernier tiers du livre, celui qui file à 200 km/h et qui voit les morts s'amonceler...) ! Un roman totalement inclassable donc dans les cases "standards" mais finalement quelle importance ? L'essentiel étant bien qu'il soit prenant ! Du roman on en retrouve la construction, du récit fantastique on en retrouve la peur panique, et du thriller on en retrouve le suspense insoutenable. Et, malgré toutes ces constructions hétéroclites qui s'enchevêtrent, Régis Descott a réussi le pari fou de ne pas se perdre et, surtout, de ne pas perdre son lecteur ! Brillant exercice de style donc qui fait que ce livre est totalement atypique ! Mais l'auteur souhaitant le qualifier de roman, je me rallie à lui...
 
Un livre captivant, surprenant, inhabituel...
 
C'est avec une écriture simple, concise et fort agréable, que Régis Descott nous embarque dans ce huis-clos bien particulier. Un huis-clos aux personnages que l'on croit connaître, ceux qu'ils nous dépeint avec une aisance certaine, et ces personnages que l'on ne connaît absolument pas: ces fantômes qui hantent les lieux et nous hantent par la même occasion. Et, pour parfaire le tableau, il ne ménage pas ses effets, il nous prive de courant, de réseau téléphonique et nous enferme dans un brouillard glaçant...

Le récit est fait à la première personne (ce qui n'est pas sans ajouter une tension supplémentaire) par Serge, un narrateur parfois si éloigné des phénomènes surnaturels qui l'entourent, comme s'ils lui étaient étrangers, et parfois bien plus impliqué que tous ses acolytes ! Un récit qui prend aux tripes et qu'il devient vite impossible de lâcher tant on veut connaître le fin mot de l'histoire. Etant devenue, avec l'âge, très cartésienne, j'en arrivais presque à espérer un dénouement logique, en sera-t-il ainsi ? Je ne le dévoilerai évidemment pas, mais je garantis le frisson, le plaisir et l'addiction !!!

Un savant mélange de l'ambiance des premiers livres de Stephen King et des huis-clos d'Agatha Christie (l'auteur faisant lui même allusion au fameux "Dix petits nègres", que j'ai eu en tête tout le long de ma lecture), ce livre est à découvrir incontestablement ! Tel une partition, il va vous faire vibrer, des questions seront soulevées sur la vie au delà de la mort, et il restera en vous comme une mélodie agréable et inoubliable... Les fantômes de l'Etoile vont vous faire frissonner d'angoisse et de plaisir !
 
 
 
Editions JC Lattès (avril 2015)
346 pages
19€50
 
4ème de couv'

Ça commence par des claquements de portes. Des coups frappés contre les murs, un piano qui joue tout seul. À l'Etoile, vieux château perdu au fond des bois, les morts ne reposent pas en paix.
Pour le propriétaire, Philippe Wolf, riche financier habitué à ce que rien ne lui résiste, l'esprit qui le harcèle va devoir se soumettre ou disparaître.

C'est, le temps d'un week-end, la mission du Dr Morel, psychanalyste devenu médium, et de ses six apprentis aux dons mystérieux. Leila, l'infirmière discrète, la belle Vicky, agent immobilier dans le civil, Luca, le cuisinier italien, ou encore Serge, le pianiste solitaire. Ensemble, ils vont devoir comprendre ce qui s'est passé entre ces murs. Mais, à mesure que les indices s'accumulent, il devient de plus en plus difficile d'échapper à leur emprise.
Le vieux médecin pouvait-il ignorer dans quel labyrinthe il entraînait ses élèves ? Vaste jeu de miroirs, théâtre d'ombres et d'illusions, ce château est une étoile noire, qui n'a rien perdu de son pouvoir d'attraction. Il ne faudra qu'une étincelle pour l'embraser tout entière.
 

Biographie de l'auteur

 
Auteur de romans historiques et de thrillers psychologiques remarqués, (Pavillon 38, Obscura), tous publiés chez Lattès, Régis Descott se lance dans une véritable chasse aux fantômes, dont les résonances vous poursuivront longtemps.

4 commentaires:

  1. Intéressante chronique, mais je vais peut-être m'abstenir. Pas trop mon genre de littérature.
    Bisous quand même... :)

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    1. Je confirme mon canard !!! Un peu trop de fantômes pour toi dedans ;) bisous

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  2. je suis comme mon copain, j'ai peur des fantôme, petit déjà Casper me foutait les chocottes !!! :)

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