Une vie dans des pages

mercredi 12 novembre 2014

"Satan était un ange" Karine Giebel (Fleuve noir)



4ème de couv'

Tu sais Paul, Satan était un ange... Et il le redeviendra. Rouler, droit devant. Doubler ceux qui ont le temps. Ne pas les regarder. Mettre la musique à fond pour ne plus entendre. Tic tac... Bientôt, tu seras mort. Hier encore, François était quelqu'un. Un homme qu'on regardait avec admiration, avec envie. Aujourd'hui, il n'est plus qu'un fugitif qui tente d'échapper à son assassin. Qui le rattrapera, où qu'il aille. Quoi qu'il fasse. La mort est certaine. L'issue, forcément fatale. Ce n'est plus qu'une question de temps. Il vient à peine de le comprendre. Paul regarde derrière lui ; il voit la cohorte des victimes qui hurlent vengeance. Il paye le prix de ses fautes. Ne pas pleurer. Ne pas perdre de temps. Accélérer. L'échéance approche. Je vais mourir. Dans la même voiture, sur une même route, deux hommes que tout semble opposer et qui pourtant fuient ensemble leurs destins différents. Rouler droit devant, admirer la mer. Faire ce qu'ils n'ont jamais fait. Vivre des choses insensées. Vivre surtout... Car après tout, pourquoi tenter sans cesse de trouver des explications ?


Mon avis
 
"La mort sillonne les routes.
Nos routes.
Vogue le long des côtes.
 Nos côtes.
Avant d'atteindre sa cible."


La fuite en avant... Une cavale imprévue, deux personnes, que tout oppose, piégées dans la même course effrénée pour fuir...
 
François fuit sa mort. Paul fuit sa vie.
 
François va mourir. Il le sait. C'est inéluctable. Paul, lui, ne veut pas mourir. Alors il fuit cette destinée qui n'est peut-être pas la sienne.
 
Inévitablement François et Paul se rencontrent. Une rencontre due au hasard... ou pas... Qui sait ? Et c'est le point de départ d'une belle amitié. Une amitié improbable qui va pourtant se renforcer au fil des pages. Un récit humain, humaniste, qui révèle la nature profonde de chaque personnage quand on va au delà des apparences... Tel est le récit que nous livre ici Karine Giebel. Un roman bien éloigné de ses thrillers habituels ! Un livre profond qui traite de la réflexion de l'homme sur l'Homme, sa véritable nature, sa capacité à remettre en cause toutes ses idées reçues et souvent préconçues...
 
Passés les première pages et l'effet de surprise (je m'attendais tellement à un thriller de la même veine que "Purgatoire des innocents"), je me suis prise au jeu de cette histoire attendrissante, bouleversante même ! L'empathie est le sentiment qui ne m'a jamais lâchée au cours de ma lecture, autant pour l'un que pour l'autre de ces deux héros. Empathie mais aussi tristesse, les larmes n'étaient parfois pas loin parce que la Dame sait parfaitement bien jouer avec les sentiments, les décrire tout comme les provoquer chez ses lecteurs !
 
Ce livre est une véritable introspection dans la vie d'un homme qui a tout, mais qui au final n'a plus rien quand il voit sa mort arriver de manière prématurée. L'analyse aussi de la vie d'un immigré roumain qui doit survivre dans un pays inconnu pour lui, survivre à une adolescence qui n'a rien de doré. Une vision intéressante des choses qui pousse le lecteur à réfléchir sur ses propres priorités... Un livre sur la mort mais sans massacres, tel est le défi relevé par l'auteure !
 
Ici pas de Mal à l'état pur, juste le mal qui peut parfois ronger chacun d'entre nous... Une véritable étude de la nature humaine portée par une plume toujours aussi agréable à lire, un style rythmé grâce à des phrases courtes, bref toujours addicitif !
 
Malgré une histoire secondaire qui relève quand même du polar, un personnage qui aurait pu être le vrai méchant d'un thriller à la sauce connue et reconnue de l'auteure, Karine Giebel marque un véritable tournant dans son œuvre et ce fut un véritable plaisir de la suivre sur cette route "666" ! Cette route "666" qui est celle d'un roman noir, pas celle d'un thriller ! Et c'est tout aussi bon que ce qu'elle a pu écrire jusque là ! Juste différent...

Si vous pensez lire du Giebel d'avant, passez votre chemin ! Si vous souhaitez découvrir la nouvelle Karine Giebel, empressez vous de faire connaissance avec cet ange qu'est Satan...

 
"Tu vois, Petit, Satan était un ange... Et il le redeviendra."





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